jeune.jpg, oct. 2020

L’écriture de Daniel Birnbaum est tout en équilibre. Pas exagérément lyrique, mais toujours dans l’émotion, souvent grâce à des chutes qui relient la tranche de vie évoquée à sa « morale » pour le poète — morale qui n’a pas la prétention d’être universelle, mais qui résonne comme la confidence d’un ami. Pas exagérément dépouillée, mais faite de mots simples, sans emphase, qui assurent une compréhension immédiate — pas étonnant que Daniel ait aussi écrit des poèmes pour la jeunesse, puisqu’il sait si bien se faire comprendre. Pas non plus de rentre-dedans ostentatoire ni d’humour m’as-tu-vu, mais un discours qui coule comme un ru discret, où les jeux de mots rencontrent l’humour subtil. Bref, tout en équilibre. C’est cette voix à la fois sage et facétieuse qu’on retrouve dans Quand je serai jeune, qui se penche avec un brin de nostalgie sur la jeunesse de l’auteur. Entre « les mugissements / des vaches à traire / qui crient la vie de tous côtés » et « la rivière / qui partait dans un grand éclat de rire / éclaboussant le ciel et les joncs », on part avec l’auteur dans une campagne quasi idéale, où lui et ses camarades étaient « comme de jeunes plantes » qui avaient « quelque chose d’immortel / sous le vert tendre ». Des années qui ont formé son regard (évoquées aussi dans Les Années Creuse chez Jacques Flament) et qui proposent, à l’ère du numérique envahissant, « un véritable / octet d’humanité ».

Daniel Birnbaum, Quand je serai jeune, éditions p.i. sage intérieur, ISBN 978-2-9560128-5-6


Caveau

Savez-vous comment c’est
l’intérieur d’un caveau
c’est assez simple en fait
trois couchettes superposées de chaque côté
comme dans les vieux trains de nuit
en seconde classe
où l’on choisissait sa place
si l’on arrivait les premiers
et que ce n’était pas réservé

avant de faire au revoir
à ceux qui restaient sur le quai
parfois avec une larme à l’œil.