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jeudi 25 avril 2024

Berlin en photos et poèmes sans filtre, #25

hölderlin nous propose d'habiter le monde
en poètes. que faut-il donc par là comprendre ?
lire au bord du rivage et considérer l’onde
(comme la photo ci-contre pour jaloux rendre) ?

je n’ai ni opinion ni savante exégèse
j’admire les théoriciens qui vaticinent
qui argumentent avec aplomb sur leurs thèses
et n’écris que ce qui traverse ma trombine

mercredi 24 avril 2024

Berlin en photos et poèmes sans filtre, #24

toc toc toc tortue
dans la comptine tu sors ta tête
mais tu n'es pas toquée tortue
mieux vaut ces temps-ci se terrer
sous des écailles factices
toc toc toc tortue
tu trinques sous terre aux temps troublés
soleil revenu ou pas

mardi 23 avril 2024

Berlin en photos et poèmes sans filtre, #23

nous comprenons votre frustration
& même, croyez-nous, partageons votre colère
cependant, nous vous serions reconnaissants
de bien vouloir garder votre calme
& user d’un vocabulaire plus châtié
la violence ne vous mènera à rien
ni les insultes envers celles et ceux qui bénéficient
de la légitimité acquise par le vote

lundi 22 avril 2024

Berlin en photos et poèmes sans filtre, #22

[poème printanier par temps de neige]

vert, vert, projette le vert
envahis la surface de l’œkoumène
convoque les petits hommes verts
dans les réunions superflues
il nous faut du vert, du vert
pour craqueler l'asphalte
du vert, du vert pour oublier
les mélodies incolores qui retentissent dans les rayons des hypermarchés
fais-nous des mains vertes, vertes
à plonger dans l’ouver-
ture des buissons pour en cueillir les baies
mûres, mûres, & sans tarder les croquer

dimanche 21 avril 2024

Berlin en photos et poèmes sans filtre, #21

[nouvelle séance de tricherie par rapport  au titre de la série, avec une incursion en Pologne à Słubice, pour le monument… à Wikipédia]

je sais où trouver l’essentiel
le superflu le nécessaire
je traverse les frontières comme du beurre
que j’étale sur des tranches de savoir grillé
le monde ne me résiste pas —
& moi je ne résiste au monde
que quand il se cabre
pour désarçonner ma brutale étreinte

samedi 20 avril 2024

Berlin en photos et poèmes sans filtre, #20

méli-mélo
dans la cano-
pée de la ville

sous les poteaux
circulatio-
n automobile

les regards haut
perchés des so-
mmets hydrophiles

vendredi 19 avril 2024

Berlin en photos et poèmes sans filtre, #19

étrille la fiction épuise-la
tires-en la substantifique moelle
moule les substantifs façonne-les
arrange les désordres du discours
peut-être auras-tu à la fin
une simple question de perspective
si tant est que la simplicité existe

jeudi 18 avril 2024

Berlin en photos et poèmes sans filtre, #18

tu explores de tes doigts les rues où tu n’iras jamais
suis les contours des mers que le déchirement du papier dessine
toujours au même endroit tu te figes
chaque jour des fibres partent à la dérive
le long des côtes flambant vieilles de l’abandon
cabotent des vaisseaux chargés d’histoires
raconte-les avant qu’elles ne se terminent mal

mercredi 17 avril 2024

Berlin en photos et poèmes sans filtre, #17

les pas sur le trottoir sonnent comme des rumbas boiteuses
pas de danger que le pont entre en résonance
des pigeons s’approchent & me convoitent
je fais corps avec les miettes de ma pensée

mardi 16 avril 2024

Berlin en photos et poèmes sans filtre, #16

accroché à la trame du temps
l’amour finira rouillé
avec les derniers relents d’extractivisme

lundi 15 avril 2024

Berlin en photos et poèmes sans filtre, #15

[on triche encore avec une photo de Leipzig, mais comment ne pas faire taire une polémique ?]

ah ! djodjo
balance une fugue pour les d’JO
tu vas mettre everybody d’accord
sur comment faire bouger son corps

ah ! djodjo
envoie ton beat pour les d’JO
dans ton son y a pas un seul glitch
depuis des siècles on est tes bitches

dimanche 14 avril 2024

Berlin en photos et poèmes sans filtre, #14

léon forme de noirs desseins
pour la domination du monde
asservir les petites fourmis humaines
sous la roue de ses plumes éclatantes

léon forme de noirs desseins
serons tous sujets de sa morgue arrogante

samedi 13 avril 2024

Berlin en photos et poèmes sans filtre, #13

suite des poèmes brassicoles [de bord de Spree] au choix :

3.
hanap ou mazagran
le défi
suprême
monter les marches droit

4.
verre vidé
sur le granite
les chemineaux
offrent les premiers secours

vendredi 12 avril 2024

Berlin en photos et poèmes sans filtre, #12

tout est fluide
les envolées de canards méfiants sur le lac
la joggeuse engoncée dans ses écouteurs jaunes
les chiens qui courent sans laisse dans le chemin de terre
je mets de l’huile dans les rouages de mes méninges
la journée est un tripatouillage d’actions hétéroclites
une giclée de mouvements qui ondoient

jeudi 11 avril 2024

Berlin en photos et poèmes sans filtre, #11

[invocation du hibou consciencieux]

hou ! grand-ducal au crépuscule suis
les aigrettes dressées en alerte
hou ! le paysage protégé quadrille
survole les fleurs que vous ne devez cueillir
hou ! d’un froissement réprimande
qui s’aventurerait à contrevenir
hou ! gardien zélé du territoire suis
tant que subsistera mon biotope fragile

mercredi 10 avril 2024

Berlin en photos et poèmes sans filtre, #10

je voudrais chanter les égouts
les eaux épaisses où grouillements pullulent
à ciel ouvert ou souterrains
sanies dans l’onde brunâtres suspensions
chanter les terreurs cachées les légendes urbaines
pas d’ode ni d’hymne plutôt
un simple salut aux autoroutes fétides
sacrifiées propitiatoires aux allées de verdure proprettes
chanter la mécanique huilée du rebut
la courroie essentielle de la zone bienséante
sous le capot coulent les flots

mardi 9 avril 2024

Berlin en photos et poèmes sans filtre, #9

[poème paresseux]

et tu crois que la poésie
vient toute crue sous le plumail ?
sans relâche elle se travaille
il faut touiller dans la vraie vie

lundi 8 avril 2024

Berlin en photos et poèmes sans filtre, #8

peut-être bien
y aura-t-il toujours un moment
où ça ira — quels que soient
les coups de boutoir de semonce de bourdon
mais ce moment-là
l’éternelle relâche dans le néant
autant le repousser pour jouir
emmerder qui confisque les existences
brûler si nécessaire de fureur les larmes

dimanche 7 avril 2024

Berlin en photos et poèmes sans filtre, #7

tous les chemins mènent à
la comédie des appa-
rences où tout un chacun
rences où tout un chacune
gigote remue taquin
frétille danse taquine
à ce jeu cesser de pa-
raître serait un trépas
un froid de zéro kelvin

samedi 6 avril 2024

Berlin en photos et poèmes sans filtre, #6

vous qui passez sans m’embrasser
arrêtez-vous un instant
pas une seule cloque pas une seule verrue
je suis aussi lisse que la peau d’un nouveau-né
ma langue ? à peine servi
mes bonds ? prodigieux

vous qui passez sans m’embrasser
arrêtez-vous un instant
pourquoi tant de hâte ?
dans le brouhaha alentour
distinguez mon coassement
puis plissez vos lèvres

c’est ça
vous ne le regretterez pas

vendredi 5 avril 2024

Berlin en photos et poèmes sans filtre, #5

[on triche un rien avec une photo prise à Potsdam]

ah ! élever la marmaille
de nos jours
d’étalement urbain
: une broutille de broutage
un goût minéral
l’authenticité dure
     agglomérée
sale époque pour les darons

jeudi 4 avril 2024

Berlin en photos et poèmes sans filtre, #4

joue de tes facettes
dans la lumière ténue
appuie appuie ta tête
sur les vagues du son
rien ne cambre plus le noir
que tes rayons que tes rayons
et quand vient le point d’orgue
laisse filtrer tout ton spectre dans un tunnel de rais tonitruants

mercredi 3 avril 2024

Berlin en photos et poèmes sans filtre, #3

il faut être pour
ou bien contre
— contre le tronc c’est
pour les branches
; pour le tronc c’est
contre les racines
etc.
etc.
etc. (ad lib.)

je choisis la canopée

mardi 2 avril 2024

Berlin en photos et poèmes sans filtre, #2

poème funéraire de bord de lac au choix :

1.
que la bière retourne à la terre
dans son vêtement de
poussière de sable
chauffée à blanc

2.
le temps œuvre
pour la poussière
l’ébriété le suspend
     mais
le sable retourne au sable

lundi 1 avril 2024

Berlin en photos et poèmes sans filtre, #1

rêve-branchies
réalité-clapotis

sur l’eau seuls
un véliplanchiste égaré
un colvert esseulé
fraternité avant la pluie

descente profond
& surtout
sous la limite du haïku

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