Photo : François Zuidberg / Philharmonie Luxembourg
Gustavo Gimeno dirige le Requiem de Verdi à la Philharmonie Luxembourg, avec l’Orchestre philharmonique du Luxembourg, le Wiener Singverein et les solistes Tamar Iveri, Daniela Barcellona, Saimir Pirgu et Orlin Anastassov.
Les gestes sont amples, les nuances, exacerbées — un chœur qui remonte des profondeurs du silence puis bondit dans le Dies irae encore & encore & encore, faisant parfois sursauter les distraits ; des solistes, il pince les cordes vocales — comme d’une harpe Il mouline, arrache & forge le métal doré des trompettes qui jaillissent hors scène, dans les tours d’ivoire de l’au-delà Seul qui demeure debout pendant quatre-vingts longues minutes (pour les muscles, car aux oreilles elles ne semblent que quelques secondes volées à l’actualité brûlante), il personnifie la colère, le recueillement & le deuil Les lumières de la salle restent allumées — les reflets des montres des violons mènent un bal étrange ; il garde sa stature, décollant à peine de l’estrade. Remplaçante pourtant, la basse éclipse le ténor trop lyrique mezzo et soprano à l’unisson vibratos de synchronie travaillée & puis lui aussi chante, avec les fantômes d’une partition annotée par son mentor — Libera me scandé puis murmuré par le chœur, pianissimo de deux triolets de noires ; suspens d’un bras qui reste levé le temps de dire : umanità musica & pace. Alors seulement bris du silence.