videe-vers-la-mer-pleine.jpg, oct. 2021

Une odyssée de femme en trois parties, dont celle du milieu en prose poétique à bord d’un cargo de pavillon luxembourgeois (oui, ça existe), alors que la première et la troisième sont en vers libres (la plupart du temps !) ; un recueil de poésie narrative au féminin qui tantôt colle à la réalité, tantôt la détourne, tantôt la recrée ; une expérience d’une centaine de pages pour passer de la lassitude à la combativité.

Vidée vers la mer pleine, éditions Phi, octobre 2021, ISBN 978-2-919791-73-6.


Le premier poème :

Sonnet de la balustrade

Sur le pont dur qui enjambe le fleuve mou
les cadenas des amoureux transis ont rouillé
la chaleur humaine les gelées condensent
laissent des traces d’oxydation strictement physique

papiers gras chorégraphiés par le vent
je ne vous ramasse pas les notes d’un accordéon
ne résonnent pas non plus pour entraîner
les pigeons les moineaux dans la danse

odeurs de pain grillé effluves de poubelles pleines
les injonctions télévisées à la performance
me laissent de marbre je ne sauterai pas

je n’ai pas voté pour écraser les autres
ni avalé la taurine des boissons énergisantes
les remous en contrebas ne me feront pas gésir.