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Je reproduis ici l’introduction du dossier que j’ai rédigé sur la poésie luxembourgeoise pour Le Journal des poètes, vénérable revue belge. Au programme, douze voix contemporaines : Laurent Fels, Nico Helminger, Pierre Joris, Anise Koltz, Miriam R. Krüger, James Leader, Carla Lucarelli, Tom Nisse, Jean Portante, Léon Rinaldetti, Lambert Schlechter et René Welter.


Avec ses 2 586 kilomètres carrés et ses 626 000 habitants, le grand-duché de Luxembourg recèle une richesse poétique insoupçonnée. Indéniablement, sa situation linguistique particulière y contribue : à la maison, Luxembourgeois et Luxembourgeoises parlent… le luxembourgeois, langue germanique ; l’alphabétisation se fait en allemand, puis le cursus scolaire continue à la fois en français et en allemand. Langue orale avant tout, le luxembourgeois, à la faveur d’une standardisation de son orthographe, a commencé à faire son chemin dans la littérature locale. Mais les deux poids lourds que sont le français et l’allemand, qui donnent accès à un public élargi dans les pays voisins, restent des idiomes essentiels. Dans cet aperçu non exhaustif des voix établies de la poésie grand-ducale, pas de traductions du luxembourgeois ; mais la jeune génération s’empare désormais de la langue nationale, et peut-être y reviendrons-nous plus tard.

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Quiconque souhaite entrer en poésie au Luxembourg doit donc le plus souvent choisir une langue d’écriture qui n’est pas sa langue maternelle. Opter pour le français est un symbole de proximité culturelle, car l’allemand est proche linguistiquement du luxembourgeois et a la préférence de la plupart des lecteurs et lectrices du pays. Mais la situation est bien plus compliquée : avec près de 50 % d’étrangers résidents, le pays compte des poètes qui s’expriment en italien, portugais, anglais ou espagnol… et d’autres qui écrivent en plusieurs langues, voire les mélangent. C’est pourquoi on trouvera dans ce dossier deux auteurs traduits de l’anglais – l’un né au Luxembourg et établi aux États-Unis ; l’autre né au Royaume-Uni et exerçant son métier au Luxembourg –, mais aussi une autrice d’origine péruvienne active au grand-duché. C’est en effet une caractéristique essentielle de la poésie luxembourgeoise que de fondre en son creuset les langues et les nationalités d’origine. La diversité qui en résulte est donc à lire dans ces pages, où priorité a été donnée aux voix des poètes.

La majorité des textes confiés au Journal des poètes pour ce dossier sont inédits ; la source d’éventuels poèmes déjà publiés est disponible dans les notices. Pour en savoir plus sur les publications disponibles ou l’œuvre d’un ou une poète en particulier, on se reportera au très complet Dictionnaire des auteurs luxembourgeois du Centre national de littérature, disponible en ligne à l’adresse www.dictionnaire-auteurs.lu.