Photo : J. Jocif
Laurence Equilbey dirige l’Insula Orchestra dans la Symphonie no 3 en mi bémol majeur, dite Eroica de Ludwig van Beethoven. Retour sur le concert du 8 mars 2016 à la Philharmonie de Paris, encore visible jusqu'en septembre 2016 en ligne.
Elle charge d’une inspiration tremplin que les micros captent dans le silence qui a succédé aux raclements ; sobriété dans l’amplitude des mouvements de la baguette — que la Marche funèbre déposera — Oscillations en miniature qui commandent une dynamique insoupçonnée : tout juste enfonce-t-elle les roulements tout juste laisse-t-elle apparaître sur son visage qui respire l’i m m e r s i o n dans les notes un sourire que rendent les flûtes, tant elle vit le contrepoint avec passion. Ou peut-être si : lorsque, bras croisés, elle attend le soulagement, entre les mouvements, de ceux qui ont oublié leurs pastilles pour la gorge… Les bois d’époque articulent les nuées mélodiques comme si le compositeur les hantait ; les cors vrombissent à son commandement, bourdons qui s’envolent vers les arpèges melliflus des cordes. Elle encourage au beau milieu d’une phrase à un vibrato plus intense ; elle commande d’un geste, sans un regard, un contre-chant ; économie des bras — & des jambes, plantées bien droites sur l’estrade de son état-major — mais abondance d’éclats pour le public, elle incite maintenant du regard une entrée capitale. Deux mille souffles retenus nourrissent ses expirations qui accélèrent, & puis elle vainc, évidemment — en général héroïque.