Il m’arrive souvent de traduire de l’allemand ou de l’anglais (voire du luxembourgeois ou de l’italien), mais plus rarement de la poésie, et, dans ce cas, c’est souvent pour la publication d’un dossier sur la poésie luxembourgeoise dans une revue. Ici, je m’essaie à une traduction de l’islandais, une sorte de test avant de passer à une littérature plus compliquée. Il s’agit du premier poème du recueil Bónus, d’Andri Snær Magnason. La chaîne de supermarchés Bónus est l’une des plus connues en Islande, son logo en forme de petit cochon rose est une icône, et le livre est une ode à la consommation un rien ironique et plutôt réjouissante. Il a déjà été traduit en français en édition bilingue par Walter Rosselli aux éditions d'En bas. Ma version de ce poème est différente de la sienne, bien entendu ; on peut trouver celle-ci dans des extraits sur l'internet, par exemple sur Babelio.

Homo Consumus

Frumeðli mannsins
var ekki veiðieðlið

í öndverðu
fyrir daga oddsins
og vopnsins

reikuðu menn um slétturnar
og söfnuðu !
Þeir söfnuðu rótum
og þeir söfnuðu avöxtum
og eggjum og nýdauðum dýrum

ég
nútimamaðurinn
sjónvarpssjúklingurinn
finn hvernig frummaðurinn brýst fram
þegar ég bruna með kerruna
og safna og safna og safna…

Homo Consumus

L’instinct primordial des hommes
n’était pas celui de la pêche

jadis
avant les ères fastes
ou guerrières

les hommes parcouraient les plaines
et cueillaient !
ils cueillaient des racines
et ils cueillaient des fruits
et des œufs et des animaux tout juste morts

moi
l’homme des temps modernes
biberonné de télé
sens l’homme des cavernes s’insinuer en moi
quand je fais chauffer le chariot
et cueille et cueille et cueille…