« Quand un grand-père poète écrit pour sa petite-fille, celle-ci dessine ce que les textes lui inspirent et cela donne un livre plein de poésie et de tendresse », nous annonce la quatrième de couverture. Tendresse au programme, poésie pour la jeunesse : et si on n’en parlait pas assez ? Car il y a bien, loin des expérimentations et des formalismes, une poésie vivante, bruissante, multiple, simple mais surtout pas simpliste pour la jeunesse, en témoigne aussi la parution régulière du magazine numérique Gustave junior. Ici, Yves Boudier, qui s’avoue « sensible à la poésie lyrique », se pose pour ses lectrices et lecteurs « qui savent lyre » — parce que s’ils et elles ne savent pas lire, en vérité, il y aura bien quelqu’un qui le fera à haute voix pour leur plus grand bonheur… — en observateur de la vie dans ses composantes naturelles. L’eau, le feu, l’air, puis la graine ou l’œuf se voient consacrer de courts poèmes d’une page à la structure similaire : « L’eau // n’est pas / une goutte / n’est pas / une averse / n’est pas / un grêlon / n’est pas / une flaque », et ainsi de suite, alternant noir et bleu dans les vers, concluant toujours par « c’est la vie ». Leçon de vie scandée qui ne pourra que plaire à un public tout acquis à la répétition ; poésie descriptive de l’environnement immédiat des plus jeunes, où le corps, le jouet, et autres objets ou concepts à hauteur d’enfant s’invitent en 24 petites pages. Mais qu’est-ce que la vie, demanderont les plus sagaces ? Le grand-père lyrique, bon prince, leur offre un dernier poème qui la célèbre, où les « n’est pas » se transforment en une litanie de « c’est ». De quoi terminer en beauté avant de recommencer, comme c’est la tradition pour les livres qui charment à cet âge. Les illustrations enfantines de Blanche Pisani complètent habilement cet opus qu’on souhaite que les parents lorgnent à l’approche des fêtes. Il n’est jamais trop tôt pour se mettre à la poésie.
Yves Boudier, Poèmes pour les p’tits (qui savent lyre), éditions Lanskine, ISBN 978-2-35963-120-3