parkes.jpg, déc. 2020

Quatorze poèmes, c’est peu, mais ça suffit pour entrer dans l’univers de Nii Ayikwei Parkes, auteur ghanéo-britannique dont les éditions Joca Seria publient Ce que je sais, dans une traduction de Sika Fakambi. Oui, d’emblée, c’est l’atmosphère de l’Afrique qui prend aux tripes, avec « Sakumono la Magique » : « le ciel de matin d’argent / est un reflet fredonnant / autour de ses cuisses ». Mais il serait réducteur de voir dans l’écriture de Parkes une simpliste couleur locale du continent noir : comme toutes les poésies au fond, la sienne est un mélange ; dans son cas se font sentir sa naissance au Royaume-Uni, avec lequel il a évidemment un lien fort, et son enfance au Ghana. Alors il décrit Jamestown ou se délecte d’une mangue (son délice « ne peut se goûter / que les yeux fermés »), mais il le fait dans une langue anglaise et dans un style — rythme marqué par les enjambements par exemple — qui tient plus du poète moderne que du griot. Une voix dont on voudrait admirer encore plus de subtils glissements d’images, de situations décalées qui provoquent à la fois rires et émotion — comme dans « Sombres esprits », où le poète se voit rejoindre dans son lit par toutes ses ex-compagnes en même temps et où il finit par disparaître « dans l’ombre de leur fusion », dans une scène décidément beaucoup plus mélancolique qu’érotique. Dommage que l’intégralité des poèmes ne soit pas proposée en langue originale : ceux qui figurent dans le livre permettent d’apprécier à sa juste mesure le travail empathique de traduction.

Nii Ayikwei Parkes, Ce que je sais, traduction de Sika Fakambi, éditions Joca Seria, ISBN 978-2-84809-340-6