Dans La Tribune du
Jelly Rodger numéro 5, printemps-été 2015. Numéros et abonnement
disponibles ici.
Sur
une plage enfin délaissée par les estivants
Ou
au bord d’un lac – mais l’Atlantique est plus goûteux –
Ramassez
délicatement une méduse de bonne taille
Brossez
les tentacules pour diffuser les arômes marins
Engouffrez
sans délai dans un congélateur
Taillez
au poisson-scie quand survient l’amateur
Patientez vaillamment dans un préau d’école
Insinuez qu’il
faut jouer à pigeon vole
Grappillez
dès qu’il paraît le volatile
– Espérez
que les marmots l’aient souhaité plumé –
Ouste ! enfournez
aussitôt à la broche
Ne dégustez
que si Jacques a dit : « Cuit ! »
Brisez
les lanières du sac de la vieille dame
Laissez-lui
les photos des toutous et gardez les billets
Égouttez
après cuisson et assaisonnez d’oseille
Guinchez à perdre haleine dans un bal de la haute
Rassemblez autour d’un verre quelques grosses légumes
Agrémentez de canapés
Touillez à
volonté
Installez sous la grille
à la faveur du coma éthylique
Nappez
de leurs fromages ces bourgeois pathétiques
Barbotez benoîtement dans un bouge bourru un
Abracadabrant imbécile au débotté
Braquez son bob d’un bulbe en verre bombé
Allumez
le bitoniau puis bouffez la balourde expression du bellâtre
… bon appétit !