Repoussoir mécanique des sans-entailles, tu presses la scie contre le bois :
des écailles de sciure s’en vont dans le matin calme, & puis les grincements
propagent des ondes de choc — il y avait hier tes pieds nus sur les aiguilles,
le pin vomissait l’ombre, l’oiseau donnait de la voix sans autre pensée que
le pignon à cueillir. L’oiseau chantera. Sans les béquilles d’un tronc qui menace
les murs ; les ailes conduisent au détachement, tes pieds nus hier sur les aiguilles
marquent ton territoire à défricher — la scie est ta maîtresse. Tu caresses son
tranchant, perle le sang, gouttes éparses sur sol balayé. Demain a déjà été hier,
dans les dents effilées de ton outil, dans les notes envoyées par l’oiseau revenu, car
l’oiseau chantera. Entaille profonde ; attention à la direction de la chute : la chaleur
du métal dissipe les gouttes de sueur, & puis les craquements, les bruits annon-
ciateurs, gare ! L’oiseau chantera. Pour l’instant il observe, tes pieds sanglés dans
des chaussures de sécurité, tes gants orange, l’absence d’ampoules de contusions
de bleus — il te sait gré de ne pas avoir sollicité la tronçonneuse. L’oiseau chantera.
Défrichera sa voix matinale pour pallier l’absence, guettera le piquant des aiguilles
sur tes pieds à nouveau nus. Les broyats feront la joie du compost, les murs s’épa-
nouiront sans l’ombre menaçante ; découpage au programme demain, & aussi
pépiements roucoulements piaillements gazouillis, l’oiseau chantera & tu seras
devant une tasse d’Earl Grey brûlant — la masse verte a raclé le sol, tu pourfends
de ta scie, croisé mirifique de la place nette & des oiseaux en cage de préférence.