Vous pensiez que Mélusine, au grand-duché de Luxembourg, battait de la queue bien tranquille dans l’Alzette depuis le Xe siècle ? C’était sans compter sur la crue centennale de juillet 2021. Mélusine au gasoil revient sur cet événement en mêlant poésie, histoire, géographie et science… pour l’amour d’une sirène, même à l’odeur écœurante.

En fin de livre, une courte interview avec Pierre Joris.

Mélusine au gasoil, éditions Facteur Galop, février 2022, ISBN 978-2-493673-01-5


dans le parc parfois
je parle à Mélusine — elle a
toujours un bon mot, une parole
réconfortante, une voix flûtée
de personnage de légende
    qui couvre
le bourdonnement des voitures
parcourant sempiternellement
la côte d’Eich toute proche ;
elle souffle une brise légère qui
dissipe les vapeurs de gaz d’échappement

dans le parc on marche, on
oublie la ville & les pipelines &
le nation branding (le Luxembourg, ses forêts, sa gastronomie) ; on envie
le comte Sigefroi (v. 922-998)
d’avoir pécho une si belle
sirène : on ne l’aurait pas épiée à la
dérobée, nous, on l’aurait gardée
auprès de nous pour toujours
respectant son intimité hebdomadaire. les
légendes donnent l’assurance de
se comporter en gentleman
        pas de #metoo
    non, #notme
Mélusine, je suis le poète poli
policé même, qui ne te touchera pas
    ne regardera pas ta queue
dévoilée au bain
un samedi
    tant pis pour le comte
    qui a rompu sa promesse