accrocstich.es - Mot-clé - Victor Malzac2024-03-24T11:06:07+01:00Florent Toniellourn:md5:81038122307d7e2161e228778e805d13DotclearDans l’herbeurn:md5:675688f45da020075f04c2089e18b2fc2021-12-19T16:13:00+00:002021-12-21T06:27:50+00:00Florent TonielloChroniques-minuteVictor Malzac <p><img alt="" class="media" src="https://accrocstich.es/public/2021/.herbe_m.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" />« J’ai eu un énorme coup de cœur pour ce livre », m’écrit Rim Battal, que je me dois de remercier ici de m’avoir permis de lire ce recueil. Et comme je la comprends : l’écriture de Victor Malzac est au plus près du corps, faisant apparaître des similitudes de thèmes, ne serait-ce que celui-là, avec celle qu’elle pratique. Très travaillée, la forme de <em>Dans l’herbe</em> se déploie en répétitions et hoquets, en ruptures, dans un style qui a l’aspect du bégaiement. Mais, au fil de la lecture, celui-ci se mue en redoutable outil de persuasion : « on est, on a deux petits bras / d’enfant de fou deux camisoles // chacun son dos meurtri. / et des, et deux petits poumons tout petits tout // jolis, petits, deux taches deux poumons / fébriles ». Savons-nous en toute certitude qui est le narrateur qui parle la plupart du temps ? Pas vraiment, en tout cas pas clairement. Un adolescent ouvert à tous les excès de cet âge se dessine. L’herbe d’un parc lui sert d’écrin pour ses strophes, et si nous y rencontrons des camarades de classe ou des parents, quelques expressions nous rappellent aussi l’herbe qui pousse au-dessus d’une tombe, pourquoi pas. Ce qui est sûr, c’est qu’« on fume tout, beaucoup, très fort », on boit « l’eau des fontaines la vodka dans ce calice », on a « faim de poulet, du poulet dans les dents / tous les jours oui plein de poulet, dans des barquettes ». Il y a un appétit de vie palpable dans ce livre ; les plaisirs de la chère, on vient de le voir, et puis aussi les plaisirs de la chair, voire les deux mêlés, comme il se doit : « on veut bien se manger / le cœur le ventricule et le visage / oui oui oui, — collons-nous », « douze idiots, fous, // bouffons, se mangent l’entrejambe / pour rire ». Voilà de la poésie finement ciselée pour le plus grand effet sensuel, qui nous emporte dans une tempête de joie et de jouissance — quelquefois avec un air de tableau de Jérôme Bosch. Soixante-quatre pages aérées qu’on ne peut s’empêcher de lire d’une traite, et qui ont obtenu un bien mérité prix de la Vocation cette année.</p>
<p>Victor Malzac, <em>Dans l’herbe</em>, <a href="http://www.cheyne-editeur.com/index.php/prix-de-la-vocation/378-dans-l-herbe" >Cheyne éditeur</a>, 978-2-84116-315-1</p>